Quand j’ai annoncé que j’allais passer l’été à Cabarete, la plupart des gens m’ont dit; « Mais t’es folle? L’été au Québec, c’est super! »
Partie 1: http://www.bloguelabonnemine.com/journal-de-voyage-douce-arrivee/
À ceci, je répondais; oui, c’est vrai, mais depuis que j’ai passé un été complet enfermée dans un hôpital sans savoir si j’allais en sortir, à observer les feux d’artifices du coin de mon lit pendant que je recevais mes traitements de chimiothérapie, les étés Montréalais n’avaient plus tout à fait la même signification pour moi.
Je suis optimiste, je sais que ces souvenirs vont finir par être moins douloureux un jour, mais pour le moment, je fais encore une association entre l’été à Montréal avec mon expérience avec la greffe.
Avec la maladie, mon cercle social a beaucoup diminué et même si avant, l’été était ma saison préféré parce qu’il y avait tellement de chose à faire, c’est bien différent aujourd’hui. Plus je vieilli, plus j’ai envie de me retrouver en nature dans le calme. La vitesse à laquelle tout va dans un milieu urbain m’étourdi.
Mais si c’est une des raisons qui expliquent ma présence en République Dominicaine pour toute la saison estivale, ce n’est en fait qu’une petite partie de le véritable raison.
Ma petite soeur, qui a 12 ans de moins que moi a donné naissance de premier enfant cet été. Pour notre famille qui a connu des épreuves difficiles avec ma santé fragile et celle de ma mère, nous avions grand besoin de vivre un événement positif.
Florence
Ma soeur est née en 1991 alors que j’avais 11 ans et demi. Mes deux parents, bien que séparés à quelques reprises avaient décidés de se donner une deuxième chance et d’avoir un autre enfant.
Ayant un grand écart d’âge, nous n’avons pas été très proches durant de nombreuses années. En 2006 lorsque je suis venue vivre ici, ma soeur n’avait que 15 ans et quand je suis rentrée à Montréal, 3 ans plus tard, elle était devenue une adulte.
Et à son tour, elle est tombée sous le charme de Cabarete et a envisagé venir s’y installer. Au début, lorsqu’elle a commencé à venir toute seule, ça me faisait bizzare. Je savais trop ce que c’était de se retrouver toute seule dans les Caraïbes en tant que jeune fille naïve et innocente.
Je m’en étais plutôt bien sortie si on exclut l’accident de moto qui a failli me couter la vie! Je me disais que ma soeur allait peut-être avoir apprit un peu de mes erreurs. Je l’espérais du moins…
Mais si j’étais venue m’installer ici, c’était principalement pour vivre une expérience et être libre. Pour ma soeur, il s’agissait plutôt d’une motivation reliée à un garçon qu’elle avait rencontré ici.
Tommy
Lorsque j’avais 8 ans, j’ai passé un mois d’hiver à Cabarete avec mes parents. À cette époque, une des activités que j’aimais le plus était faire de l’équitation (encore aujourd’hui d’ailleurs). Je me rappelle avoir fait une excursion à cheval une nuit de pleine lune avec ma mère. Le ranch appartenait à une femme du Lac Saint Jean qui se nommait Luisa.
J’étais loin de me douter à ce moment là que ma petite soeur, qui n’était pas encore née, allait épouser le fils de cette femme qui n’était pas encore né lui non plus.
Durant les années que j’ai passé ici, j’ai croisé Tommy sans toutefois le connaitre. Il avait environ 17 ans, il travaillait comme instructeur de windsurf.
L’année où ma soeur a commencé à venir ici, il s’est produit une tragédie dans le village. La mère de Tommy fut sauvagement assassinée dans sa maison de Veragua. Cet événement eu l’effet d’une bombe sur la petite communauté de Cabarete. Luisa, qui était une femme respectée et aimée de tous avait perdu la vie dans des circonstances horribles, laissant son fils unique dans le deuil.
Mais Tommy décida de reprendre l’entreprise familiale et de continuer à gérer le ranch de sa mère. L’entreprise s’appelait désormais Rancho Luisa y Tommy
Quelques semaines après le décès de sa mère, Tommy fit la rencontre d’une jeune fille Québecoise en vacance à Cabarete; Florence, ma soeur. Il s’agissait d’un coup de foudre, un vrai.
Assez rapidement, ma soeur a emménagé avec Tommy, même s’il venait d’apprendre qu’il allait être papa d’une petite fille suite à une courte relation avec une fille de la région.
C’était le début d’une belle histoire pour Tommy et Florence. En 2014, ils unissaient leurs voeux devant nos familles et cet hiver, Florence nous annonçait qu’elle attendait un enfant.
Devenir tante
Pour moi, cela signifiait beaucoup. Le fait de devenir tante allait mettre un baume sur mon coeur de femme qui ne peut avoir d’enfant. Le simple fait d’avoir un lien familial avec un petit être qui allait venir au monde me comblait.
Pour moi qui avait passé trois mois ici cet hiver, il était donc complètement naturel de venir y rencontrer ma nièce et de voir à travers ma soeur, la joie de porter un enfant.
La rencontre de Tommy et ma soeur n’a pas eu que des conséquences sur leur couple, il a apporté beaucoup de joie à notre famille. Ma soeur y a trouvé un sens à sa vie en devenant une femme de la campagne qui a développé une merveilleuse relation avec sa belle fille et ses nombreux animaux. Éventuellement, elle a même eu sa propre entreprise.
Pour moi, qui a toujours été une amoureuse des animaux, je me sens tellement privilégiée de pouvoir aller faire des balades à cheval régulièrement et passer du temps dans un environnement qui me rappelle comme j’ai de la chance d’être en vie.
Pour mes parents, qui nous ont enseignés qu’il était possible de quitter son pays natale pour aller vivre dans un autre pays, il y avait quelque chose de réconfortant dans le fait de savoir leur fille dans un pays où elle apprendrait à se débrouiller par elle même et grandir dans la campagne.
Nous sommes confiants que les années à venir sauront nous surprendre et nous unir. Parfois le bonheur, c’est de voir les gens autour de nous être heureux.