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Après avoir passé un été merveilleux à Cabarete, j’ai fait un court saut à Montréal. Je suis revenue dans l’unique but d’avoir les autorisations nécessaires pour pouvoir repartir plus longtemps. Cette année encore, je voulais passer l’hiver au bord de l’océan. J’allais obtenir une exemption du gouvernement afin de conserver mon assurance maladie puisque mon séjour durant l’année 2019 allait dépasser les 6 mois.
J’avais peine à croire que j’avais passé près de 6 mois dans les Caraïbes durant l’année. Non seulement, cela aurait été impossible il n’y pas si longtemps, mais aussi parce qu’il m’avait semblé que le temps avait passé tellement vite.
Je savais que ça pouvait s’expliquer par le fait qu’il y avait eu un changement majeur dans ma vie récemment; la reprise d’activités sociales. Au cours des derniers mois, j’avais recommencé à me sentir bien lorsque j’étais entourée d’humains. Je dirais même que c’était devenu un besoin essentiel.
Et comme si inconsciemment, je communiquais ce besoin, des humains sont naturellement venus à ma rencontre.
Je savais bien que j’avais cette personne sociable enfouie en moi, mais la maladie m’avait imposé de me protéger davantage et j’avais trouvé du réconfort dans l’isolement. Ça m’avait permis de me sentir libre de mes choix et me rendait l’unique responsable de mes états d’âme. J’avais basculé dans le côté sombre de l’isolement, mais je m’en étais sortie.
Ça me rassurais d’être rendue là dans mon cheminement post-maladie. Ça voulait dire que je n’avais plus peur d’être blessée, que j’étais prête à prendre des risques et que je pouvais enfin dévoiler la personne que j’étais devenue après les épreuves du passé.
Avec ce changement d’habitudes sociales, est venue une remise en question professionnelle. Jusqu’à maintenant; le travail avait été mon allié pour occuper mon temps et j’avais choisi de composer ma vie autour de ça.
Le fait que le travail ne soit plus le centre de ma vie venait brouiller les cartes. En mettant mes énergies sur ma vie personnelle, j’ai été contrainte de réévaluer la place que le travail avait prit dans ma vie.
Et la vie s’est chargé de me montrer le chemin vers des décisions importantes.
Les signes
Par un beau dimanche après midi, mon ordinateur a cessé de fonctionner sans raison particulière. Du jour au lendemain, j’ai été dans l’obligation de reporter certaine de mes tâches professionelles.
Durant les premiers jours, j’étais tellement déstabilisée. Je me sentais ridicule et coupable. J’étais complètement perdue sans cet objet sur lequel je passais la grande majorité de mon temps.
Mais j’ai dû composer avec ce problème et trouver des solutions et ça allait changer complètement mes méthodes de travail. Durant la journée, je me rendais sur le lieu de travail d’une amie et j’empruntais son ordinateur durant quelques heures. Je n’avais donc pas le choix d’augmenter ma productivité. À la fin de la journée, lorsque j’éteignais l’ordinateur, j’avais terminé mon travail et je pouvais consacrer le reste de mon temps aux loisirs.
C’est durant ces semaines sans ordinateur que j’ai décidé de mettre fin à certains contrats, dont un important qui me causait beaucoup de stress et qui trop souvent tardait à me payer.
J’étais convaincue que cet incident avait eu un effet positif sur ma perception du travail. Je commençais à prendre goût de devoir travailler sur un horaire précis et à ne pas culpabiliser lorsque je consacrais du temps pour les activités sociales.
Novembre 2019
En arrivant à Cabarete, le 1er novembre 2019, c’était comme si je n’étais jamais partie sauf peut-être pour la température qui enfin était plus fraîche que durant l’été. La basse saison avait provoqué la fermeture temporaire de plusieurs restaurants, les plages étaient désertes de touriste et les hôtels vides.
J’adorais l’ambiance de village fantôme de Cabarete sachant que d’ici quelques semaines, les touristes allaient débarquer par centaine et prendre d’assaut chaque centimètre de plage disponible.
La basse saison avait aussi comme avantage de rassembler la communauté locale. Il n’était pas rare que je croise des amis dans les cafés où j’allais travailler et que la journée se termine par un 5 à 7 improvisé à la plage.
Lorsque je ne travaillais pas, je visitais le pays, je faisais de l’équitation, je sortais avec des amis et je continuais à être assidue à mes cours de yoga. Malgré la basse saison, j’avais trouvé un hôtel dans le village qui offrait des cours à un horaire qui me convenait. C’était un peu loin, mais j’avais pris un arrangement avec un moto taxi local qui venait me chercher le matin.
Certains jours, j’étais la seule à me présenter au cours et j’avais droit à un cours privée selon mes besoins. Éventuellement, je me suis liée d’amitié avec ma professeure de yoga, une Canadienne de l’Alberta, qui était là pour quelques mois.
Après les cours, on allait prendre un café et quelqu’un a lancé l’idée de partir en road trip sur la côte nord de la République Dominicaine. Notre choix s’arrêta sur Las Terrenas, qui se trouvait à environ 2 heures de Cabarete.
Las Terrenas
Lorsque j’étais adolescente, mes parents avaient loués une magnifique maison dans cette région. Ils y passaient quelques semaines durant l’année. J’étais donc allée à trois reprises. À cette époque, Las Terrenas n’était en fait qu’un tout petit village qui longeait l’océan. J’y avais appris à conduire un scooter et ma meilleure amie et moi adorions faire la route qui longeait la plage plusieurs fois par jour. La maison était face à la plage et la terrasse donnait sur un grand terrain rempli de palmier.
Évidemment, la ville avait bien changé en 20 ans. Une grande communauté de Français s’y étaient installés. On pouvait donc trouver plusieurs boulangeries, des restaurants de cuisine française et des produits Européens sur les tablettes des supermarchés.
Ça faisait du bien de changer d’air. Bien sûre, j’aimais beaucoup le côté bohème de Cabarete, mais la fille urbaine en moi était charmée par le style plus organisé de Las Terrenas.
L’hôtel que nous avions choisi nous avait été recommandé par des amis. Il était situé à quelques minutes de voiture du centre ville, dans un secteur hôtelier en bordure de l’océan. La plage; Playa Bonita était reconnu pour le surf, mais cela n’avait en rien influencé mon choix d’hôtel.
Nous allions y passer deux nuits. L’hôtel était très sympathique. Ses chambres étaient toutes face à l’océan. Devant la plage se trouvait un grand terrain où étaient disposés plusieurs chaises, hamacs ou petits canapés. Sur place, il y avait un restaurant, un bar, un food truck et une petite école de surf.
Il y avait de la musique, des chiens partout, des gens assis entrain de discuter ou de prendre du soleil, des surfers qui prenaient une bière entre deux sessions de surf.
Je m’y suis sentie bien dès la première minute. On s’est installée devant la plage et on a observé les surfers dans les vagues. Ils étaient peu nombreux à cette période de l’année. C’était le moment idéal pour prendre une leçon.
Le surf
Après discussion avec un employé de l’école, j’avais rendez vous dès le lendemain matin pour une leçon privé.
En me réveillant le lendemain matin, j’étais terrorisée. Je n’avais jamais été une très grande nageuse. Depuis plusieurs années, je n’allais jamais me baigner lorsque l’océan était trop agité. J’avais essayé le kitesurf plusieurs années auparavant et j’avais eu très peur. Je n’avais jamais voulu recommencer.
Mais même si l’idée d’annuler mon cours m’a traversé l’esprit une bonne dizaine de fois, j’ai décidé que j’allais le faire. Je n’avais rien à perdre et je devais vérifier si ce sport était pour moi ou non.
30 minutes plus tard, après un cours théorique, j’entrais dans l’océan avec ma planche. Il n’y avait personne d’autre que le professeur et moi. J’avais l’océan pour moi toute seule.
J’ai réussi à me mettre debout dès la première vague. Je n’avais aucune attente, je ne savais pas si j’aurais la force ou l’équilibre, mais mon corps a vite compris quoi faire. La leçon a durer 2 heures. J’étais épuisée, j’avais avalé beaucoup d’eau salé, j’avais les yeux rouges et la bouche sèche, mais j’étais certaine d’une chose, je n’étais pas la même fille que ce matin à mon réveil.
À suivre…
Catherine