blogue | Voyage

Journal de voyage – Partie 1. Le dépaysement

20 janvier 2019
journal de voyage

Il y a environ deux ans, j’avais fait une série d’articles sur mon expérience de voyage à Cabarete lorsque j’étais dans la mi vingtaine. J’y décrivais comment cette expérience avait changé ma vie sur plusieurs plans.

Plus de 10 ans plus tard, après un diagnostic de maladie hématologique rare ayant mené à une greffe de moelle osseuse, je reviens là où tout à commencé.

Voici donc le récit de mon voyage…

 

 » Le voyage est le meilleur moyen de se perdre et de se trouver en même temps  » 

Brenna Smith 

Montréal

Depuis deux ou trois semaines, je préparais mon départ. J’avais parfois plus l’impression de préparer l’arrivée de mes clients Airbnb qui ont loués mon appartement durant mon absence. J’ai nettoyé mon appart de fond en comble en prenant soin de libérer le plus d’espace possible. Ça m’a donné un peu l’impression que j’étais entrain de déménager. Me départir de beaucoup d’objet à été extrêmement libérateur à l’approche de ce voyage. Plus mon appart se vidait, plus je réalisais comment j’étais pris dans cette roue de consommation.

Ce fut un mal pour un bien.

Dans les jours qui ont précédés mon départ, j’ai eu quelques épisodes de panique. À me demander qu’est ce que j’étais entrain de faire là. Moi la fille qui, il y a deux ans et demi était clouée dans un lit d’hôpital, privée de contact humain. Est ce que c’était vraiment raisonnable de faire ce voyage dans ma situation?

Je regardais mon appartement 4 1/2 du plateau Mont-Royal en me disant que j’étais complètement folle de vouloir m’en séparer, que bien des gens tueraient pour y habiter.

Même si je savais que je retrouverais ce lieu, j’étais quand même un peu triste de le quitter.

Mais cet appartement, bien qu’il soit merveilleusement confortable, c’était devenu ma chambre d’isolement, mon lieu de paix d’où j’avais parfois du mal à en sortir. J’ai façonné ma vie de sorte que je n’avais pas trop besoin d’interagir avec les autres. Je sors bien de temps à autre, j’ai un bon cercle d’amis et ma famille est tout près. Mais, depuis 2015, moment où j’ai entrepris les démarches pour être greffée, je me suis mise à me surprotéger de tout. J’avais peur de souffrir, de faire souffrir et de vivre avec de la culpabilité.

Voyager

En voyageant à nouveau, cette peur de moi même se dissipait et laissait place à la vrai moi. Celle qui vit le moment et qui fait confiance à son instinct.

Depuis ma jeune vingtaine, chaque fois que je voyageais, je devenais cette fille pleine d’assurance qui aime prendre des risques. Je me rappelle de mes amies qui me disaient toujours à quelle point j’avais l’air plus zen lorsque je partais en voyage et qu’ils aimaient beaucoup ce coté de moi.

Évidemment, ça ne datait pas d’hier. Je voyageais depuis mes deux ans. J’avais passé plusieurs mois dans les Caraïbes durant mon enfance, j’avais été dans une école en Jamaïque et survécu à un terrible ouragan.

Adulte

Malgré tout, j’étais si différente de celle que j’avais été plus jeune. Après la maladie, la greffe, la chimiothérapie, la dépression. Ces choses qui avaient forgés la femme adulte que j’étais devenue. J’avais à l’intérieur de moi un mélange de sentiment qui allait de la gratitude, au soulagement, mais aussi de la colère et un profond sentiment d’injustice.

Je me demandais donc qu’allait-il arriver de ce mélange émotif lorsque je serais loin de chez moi, lorsque j’allais avoir des moments plus difficiles.

Mon lieu d’isolement était si loin à présent. Allais-je retrouver ce même sentiment de sécurité sur cette île?

Seul le temps allait me le dire.

Départ

Ce matin là, je me suis réveillée à 5h avec une forte odeur de fumée dans la maison. Durant la nuit, il y a eu un petit incendie dans la cour arrière après une fête. Cet événement a complètement détourné mon attention de mon voyage. Je réfléchissais beaucoup plus au fait que nous l’avions échappée belle plutôt que de paniquer à l’idée de partir.

J’avais déjà voyagé avec un chien, mais ça remontait à il y a très longtemps. Je me suis donc beaucoup plus inquiété pour elle que pour moi. Je voulais tellement que ça se passe bien pour elle. Je l’ai mise dans la cage à la toute dernière minute et elle est partie sur un tapis roulant en direction de je ne sais où.

Au moment du départ, une pluie verglaçante s’est mise à tomber. La piste s’est transformée en patinoire, mais l’intérieur de la cabine d’avion avait une ambiance festive. Tous ces Dominicains allaient probablement passer les fêtes en famille avec leur bagages excédentaires et leur habituel style coloré.

Je me suis rappelé que c’était Noël.

Se rendre

Le vol a été relativement rapide et ma soeur, son mari et leur fille nous attendait patiemment. Ça y est, Yena et moi étions arrivées. Il était temps à présent d’aller voir cet appartement qui allait devenir mon nouveau chez moi pour les semaines à venir.

Évidemment, je savais que le petit studio que j’avais loué en me basant sur trois photos de mauvaises qualités allaient être à l’opposé de mon 4 1/2 à coté du parc Lafontaine. Mais en même temps, j’avais déjà habité à Cabarete et je savais très bien que l’eau chaude et l’électricité n’était pas toujours des acquis dans la location d’un appartement.

Je souhaitais m’y sentir à l’aise autant sur le point de vue de la salubrité que du sentiment de sécurité. Mon niveau d’adrénaline a fait en sorte que je n’ai pas vraiment réalisé où je me trouvais vraiment. Mon regard a balayé la toute petite pièce sans s’attarder aux détails.

J’aurais amplement de temps pour scruter à la loupe cet endroit au cours des prochains jours.

Première nuit

En me couchant le soir, j’ai réalisé que j’entendais le bruit des vagues. Mais ce n’est qu’au prochain matin après une nuit de sommeil TRÈS réparatrice que j’ai constaté que du coin de mon lit que je pouvais très bien percevoir cet océan bleu et son horizon qui me rappelait où j’étais.

Vous dire que j’étais complètement rassurée serait un mensonge. Cela m’a pris plusieurs minutes avant de me décider à sortir. Je me suis habillée et je suis partie avec Yena sur le chemin de la plage. C’est lorsque j’ai aperçu des enfants jouer sur la plage que j’ai souri en me disant que j’avais moi aussi joué sur cette plage durant mon enfance.

Cette pensée me rassura. J’ai détaché Yena qui s’est mise à courir dans tous les sens comme pour me laisser savoir qu’elle aussi, elle avait déjà joué sur cette plage.

plage cabarete voyage
La plage où je jouais lorsque j’étais enfant.

À suivre…

Catherine la nomade

 

 

 

 

Laisser un commentaire