Quand j’ai appris que j’allais déménager, j’étais folle de joie! Ça faisait plus d’un an que j’y songeais sérieusement. Mon appartement actuel était beaucoup trop grand pour moi et j’y passais seulement la moitié de l’année. Je souhaitais donc un espace plus petit qui serait plus facile à louer durant mon absence. Je voulais aussi tourner la page sur le passé et repartir à neuf. Un déménagement me semblait la meilleure façon de le faire.
Auteur : catherine
J’ai quitté Las Terrenas avec un grand sentiment d’accomplissement. Mais en fait, c’était beaucoup plus que ça. Je ne saurais le décrire, mais ça ressemblait presque à de l’ivresse. Comme si le mélange d’eau salé, de soleil et d’adrénaline m’était monté à la tête. Ça me donnait une sensation d’engourdissement agréable qui m’apportait beaucoup de sérénité. Ma première expérience avec le surf avait été tellement parfaite.
Partie précédente: Des humains et un océan
J’étais certaine d’une chose; ça ne serait sûrement pas ma dernière visite à Las Terrenas et surtout, ça ne serait pas la dernière fois où je me tiendrais debout sur une vague.
Inutile de vous dire à quel point mon corps a souffert le lendemain matin. J’avais sollicité des muscles dont j’ignorais l’existence. C’était une douleur que j’appréciais puisqu’elle me confirmait que je n’avais pas rêvé tout ça.
Cette sensation de légèreté a duré quelques jours et je réfléchissais déjà à comment y retourner dès que possible.
Quelques jours plus tard, je prenais un café avec une amie qui traversait une période difficile. Je lui expliquai que je connaissais un endroit parfait pour lui changer les idées.
Et c’est comme ça que deux jours plus tard, on prenait la route vers Las Terrenas dans le seul et unique but d’aller surfer.
Plus on approchait, plus je me sentais fébrile. J’avais peur que mes attentes soient trop élevées. Je devais prendre en considération plusieurs facteurs sur lesquels je n’avais aucun contrôle et le plus important d’entre eux était bien sûre l’océan.
J’avais prévu prendre ma 2e leçon de surf le lendemain matin. À mon réveil, j’avais les mêmes papillons dans l’estomac que la première fois. J’ai avalé quelques fruits et un café et je suis allée me préparer.
Ma nervosité est tombée dès que je suis entrée dans l’eau. J’ai surfé pendant plus d’une heure. Ce fut tout aussi magique que la première fois. Mon amie, qui avait beaucoup plus d’expérience que moi se trouvait non loin dans l’eau et on se saluait entre les vagues.
En principe, nous devions rester une seule nuit, mais en sortant de l’eau après la première session de surf, nous nous sommes précipitées à la réception de l’hôtel pour les informer que nous allions rester une nuit supplémentaire. Durant le reste du séjour, il y a eu plusieurs autres sessions de surf et quand on ne surfait pas, on discutait devant l’océan, un jus ou une bière à la main.
Un regard différent
Le surf avait complètement changé ma relation avec l’océan. Je pensais à toutes ces occasions où je m’étais retrouvée devant la mer en ne la considérant que comme une simple comodité où aller me rafraîchir où un décor à photographier.
Même quand je n’étais pas entrain de surfer, je la contemplait avec un oeil différent. Je prenais des notes sur les techniques des surfeurs, j’analysais la séquence des vagues, je rêvassais à ma prochaine session.
Malgré ce changement sur ma perception, je n’avais aucun regret de ne pas avoir essayé le surf plus tôt. Au contraire, j’étais fière d’où je venais et où ça m’avait amené.
C’était très valorisant pour moi de me rappeler qu’il y a 4 ans, j’étais clouée à un lit d’hôpital. D’ailleurs, si une personne m’avait dit à ce moment là que d’ici quelques années, j’allais essayé le surf, je pense que je l’aurais jugé..
Durant ces deux jours, j’avais réussi à gagner beaucoup de confiance et plus que jamais, j’étais convaincue que ce sport était pour moi. Malgré la fatigue et les courbatures, j’aurais continué encore et encore.
Mais nous étions le 23 décembre 2019 et demain, ce serait la veille de Noël. Je savais que ce qui m’attendait à Cabarete n’allait pas être de tout repos. C’était le début de la haute saison. Fini les plages désertes et les cafés vides. Maintenant, partout où j’irais, ce serait bondé de touristes.
Haute Saison
Cette année, je ne ressentais pas vraiment d’enthousiasme à l’approche des fêtes. J’étais bien avec ma petite routine et je n’avais pas vraiment envie que ça change.
Mon emploi du temps était très axé sur mon bien-être. Je faisais plusieurs cours de yoga, je faisais de l’équitation, j’allais à la plage avec mes copines, je prenais des cours d’espagnol et depuis tout récemment, je surfais. Je profitais à fond de mon séjour dans les Caraïbes.
Mais éventuellement, je me suis laissée prendre par le tourbillon de la haute saison. Et avec mes habitudes sociales qui avaient beaucoup changés au cours des derniers mois, j’ai suivi le troupeau et j’ai commencé à sortir beaucoup.
Au cours des 4 dernières années, je n’avais, pas une seule fois, mis les pieds dans un bar. Et même si parfois j’avais été nostalgique des années durant lesquelles j’avais été un oiseau de nuit, je croyais que ça faisait parti de mon ancienne vie et je l’acceptais.
Mais la vérité, c’est que ça me faisait un bien fou de sortir danser et de me laisser aller. Même si mon corps me faisait parfois savoir que je n’avais plus 20 ans, je savais que j’avais le droit de m’amuser après toutes les concessions que j’avais du faire dans les dernières années.
Par contre, j’ai réalisé bien assez vite que les nuits de Cabarete n’avait pas tellement changé depuis les dix dernières années et éventuellement, j’avais l’impression d’avoir fait le tour.
Et c’est au bout d’un mois, vers la fin janvier, que j’ai commencé à me demander si j’allais vraiment rester 6 mois à Cabarete. À ce moment là, j’avais un gros mal de gorge qui persistait et une blessure à un genou. Ça affectait mon sommeil, ma productivité et mon humeur. Je me sentais un peu prisonnière de cette île parce que je n’avais aucun autre endroit où aller. Mon appartement de Montréal était loué et de toute façon, il était hors de question de je débarque au Québec en plein mois de janvier.
La réalité, c’est que je n’avais envie que d’une chose; retourner à Las terrenas.
Et mon souhait s’est exaucé lorsque j’ai fait la rencontre d’un couple qui venait passer deux mois en République Dominicaine. Ils avaient exprimés le désir de visiter un peu le pays et à mon grand bonheur, leur premier choix s’était arrêté sur Las Terrenas.
Je faisais cette route pour la 3e fois et je la trouvais toujours aussi belle. On traversait des petits villages, on s’arrêtait parfois dans des petits restaurants en bord de route et le trajet se terminait par une magnifique route dans les montagnes qui longeait l’océan.
Mon amie avait à peu près le même niveau que moi en surf alors nous avons décidé de prendre une leçon privé ensemble. À certain moment, on prenais les vagues en même temps, on s’encourageait, on rigolait de ces moments un peu moins glorieux où on se faisait renverser par les vagues.
Le lendemain, on a établi qu’on se sentait maintenant suffisamment en confiance pour surfer seule sans l’aide d’un professeur.
À compter de maintenant, je devrais continuer mon apprentissage en me fiant uniquement sur mon instinct. Je savais que ça ne serait pas facile, mais je voulais développer mon autonomie.
Tandis que nous passions plusieurs heures par jour dans l’eau, le soir, on restait assis devant l’océan à boire des bières en regardant le soleil se coucher.
J’avais l’impression de vivre les plus beaux jours de ma vie. Je me sentais forte, vivante et sereine. Je me disais que si tout devait s’arrêter demain, je serais comblée.
Mais comme toute bonne chose a une fin, nous devions reprendre la route et quitter cet endroit que je qualifais maintenant de mon « happy place ».
À suivre…
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Après avoir passé un été merveilleux à Cabarete, j’ai fait un court saut à Montréal. Je suis revenue dans l’unique but d’avoir les autorisations nécessaires pour pouvoir repartir plus longtemps. Cette année encore, je voulais passer l’hiver au bord de l’océan. J’allais obtenir une exemption du gouvernement afin de conserver mon assurance maladie puisque mon séjour durant l’année 2019 allait dépasser les 6 mois.
J’avais peine à croire que j’avais passé près de 6 mois dans les Caraïbes durant l’année. Non seulement, cela aurait été impossible il n’y pas si longtemps, mais aussi parce qu’il m’avait semblé que le temps avait passé tellement vite.
Je savais que ça pouvait s’expliquer par le fait qu’il y avait eu un changement majeur dans ma vie récemment; la reprise d’activités sociales. Au cours des derniers mois, j’avais recommencé à me sentir bien lorsque j’étais entourée d’humains. Je dirais même que c’était devenu un besoin essentiel.
Et comme si inconsciemment, je communiquais ce besoin, des humains sont naturellement venus à ma rencontre.
Je savais bien que j’avais cette personne sociable enfouie en moi, mais la maladie m’avait imposé de me protéger davantage et j’avais trouvé du réconfort dans l’isolement. Ça m’avait permis de me sentir libre de mes choix et me rendait l’unique responsable de mes états d’âme. J’avais basculé dans le côté sombre de l’isolement, mais je m’en étais sortie.
Ça me rassurais d’être rendue là dans mon cheminement post-maladie. Ça voulait dire que je n’avais plus peur d’être blessée, que j’étais prête à prendre des risques et que je pouvais enfin dévoiler la personne que j’étais devenue après les épreuves du passé.
Avec ce changement d’habitudes sociales, est venue une remise en question professionnelle. Jusqu’à maintenant; le travail avait été mon allié pour occuper mon temps et j’avais choisi de composer ma vie autour de ça.
Le fait que le travail ne soit plus le centre de ma vie venait brouiller les cartes. En mettant mes énergies sur ma vie personnelle, j’ai été contrainte de réévaluer la place que le travail avait prit dans ma vie.
Et la vie s’est chargé de me montrer le chemin vers des décisions importantes.
Les signes
Par un beau dimanche après midi, mon ordinateur a cessé de fonctionner sans raison particulière. Du jour au lendemain, j’ai été dans l’obligation de reporter certaine de mes tâches professionelles.
Durant les premiers jours, j’étais tellement déstabilisée. Je me sentais ridicule et coupable. J’étais complètement perdue sans cet objet sur lequel je passais la grande majorité de mon temps.
Mais j’ai dû composer avec ce problème et trouver des solutions et ça allait changer complètement mes méthodes de travail. Durant la journée, je me rendais sur le lieu de travail d’une amie et j’empruntais son ordinateur durant quelques heures. Je n’avais donc pas le choix d’augmenter ma productivité. À la fin de la journée, lorsque j’éteignais l’ordinateur, j’avais terminé mon travail et je pouvais consacrer le reste de mon temps aux loisirs.
C’est durant ces semaines sans ordinateur que j’ai décidé de mettre fin à certains contrats, dont un important qui me causait beaucoup de stress et qui trop souvent tardait à me payer.
J’étais convaincue que cet incident avait eu un effet positif sur ma perception du travail. Je commençais à prendre goût de devoir travailler sur un horaire précis et à ne pas culpabiliser lorsque je consacrais du temps pour les activités sociales.
Novembre 2019
En arrivant à Cabarete, le 1er novembre 2019, c’était comme si je n’étais jamais partie sauf peut-être pour la température qui enfin était plus fraîche que durant l’été. La basse saison avait provoqué la fermeture temporaire de plusieurs restaurants, les plages étaient désertes de touriste et les hôtels vides.
J’adorais l’ambiance de village fantôme de Cabarete sachant que d’ici quelques semaines, les touristes allaient débarquer par centaine et prendre d’assaut chaque centimètre de plage disponible.
La basse saison avait aussi comme avantage de rassembler la communauté locale. Il n’était pas rare que je croise des amis dans les cafés où j’allais travailler et que la journée se termine par un 5 à 7 improvisé à la plage.
Lorsque je ne travaillais pas, je visitais le pays, je faisais de l’équitation, je sortais avec des amis et je continuais à être assidue à mes cours de yoga. Malgré la basse saison, j’avais trouvé un hôtel dans le village qui offrait des cours à un horaire qui me convenait. C’était un peu loin, mais j’avais pris un arrangement avec un moto taxi local qui venait me chercher le matin.
Certains jours, j’étais la seule à me présenter au cours et j’avais droit à un cours privée selon mes besoins. Éventuellement, je me suis liée d’amitié avec ma professeure de yoga, une Canadienne de l’Alberta, qui était là pour quelques mois.
Après les cours, on allait prendre un café et quelqu’un a lancé l’idée de partir en road trip sur la côte nord de la République Dominicaine. Notre choix s’arrêta sur Las Terrenas, qui se trouvait à environ 2 heures de Cabarete.
Las Terrenas
Lorsque j’étais adolescente, mes parents avaient loués une magnifique maison dans cette région. Ils y passaient quelques semaines durant l’année. J’étais donc allée à trois reprises. À cette époque, Las Terrenas n’était en fait qu’un tout petit village qui longeait l’océan. J’y avais appris à conduire un scooter et ma meilleure amie et moi adorions faire la route qui longeait la plage plusieurs fois par jour. La maison était face à la plage et la terrasse donnait sur un grand terrain rempli de palmier.
Évidemment, la ville avait bien changé en 20 ans. Une grande communauté de Français s’y étaient installés. On pouvait donc trouver plusieurs boulangeries, des restaurants de cuisine française et des produits Européens sur les tablettes des supermarchés.
Ça faisait du bien de changer d’air. Bien sûre, j’aimais beaucoup le côté bohème de Cabarete, mais la fille urbaine en moi était charmée par le style plus organisé de Las Terrenas.
L’hôtel que nous avions choisi nous avait été recommandé par des amis. Il était situé à quelques minutes de voiture du centre ville, dans un secteur hôtelier en bordure de l’océan. La plage; Playa Bonita était reconnu pour le surf, mais cela n’avait en rien influencé mon choix d’hôtel.
Nous allions y passer deux nuits. L’hôtel était très sympathique. Ses chambres étaient toutes face à l’océan. Devant la plage se trouvait un grand terrain où étaient disposés plusieurs chaises, hamacs ou petits canapés. Sur place, il y avait un restaurant, un bar, un food truck et une petite école de surf.
Il y avait de la musique, des chiens partout, des gens assis entrain de discuter ou de prendre du soleil, des surfers qui prenaient une bière entre deux sessions de surf.
Je m’y suis sentie bien dès la première minute. On s’est installée devant la plage et on a observé les surfers dans les vagues. Ils étaient peu nombreux à cette période de l’année. C’était le moment idéal pour prendre une leçon.
Le surf
Après discussion avec un employé de l’école, j’avais rendez vous dès le lendemain matin pour une leçon privé.
En me réveillant le lendemain matin, j’étais terrorisée. Je n’avais jamais été une très grande nageuse. Depuis plusieurs années, je n’allais jamais me baigner lorsque l’océan était trop agité. J’avais essayé le kitesurf plusieurs années auparavant et j’avais eu très peur. Je n’avais jamais voulu recommencer.
Mais même si l’idée d’annuler mon cours m’a traversé l’esprit une bonne dizaine de fois, j’ai décidé que j’allais le faire. Je n’avais rien à perdre et je devais vérifier si ce sport était pour moi ou non.
30 minutes plus tard, après un cours théorique, j’entrais dans l’océan avec ma planche. Il n’y avait personne d’autre que le professeur et moi. J’avais l’océan pour moi toute seule.
J’ai réussi à me mettre debout dès la première vague. Je n’avais aucune attente, je ne savais pas si j’aurais la force ou l’équilibre, mais mon corps a vite compris quoi faire. La leçon a durer 2 heures. J’étais épuisée, j’avais avalé beaucoup d’eau salé, j’avais les yeux rouges et la bouche sèche, mais j’étais certaine d’une chose, je n’étais pas la même fille que ce matin à mon réveil.
À suivre…
Catherine
Quand j’ai annoncé que j’allais passer l’été à Cabarete, la plupart des gens m’ont dit; « Mais t’es folle? L’été au Québec, c’est super! »
Partie 1: http://www.bloguelabonnemine.com/journal-de-voyage-douce-arrivee/
Je suis une personne matinale. Je l’ai toujours été. Quand j’étais jeune, j’adorais aller dormir chez mes copines, mais je détestais les matins parce que je me réveillais toujours la première et je devais attendre que mes amies se lèvent. À la maison, mes parents avaient une routine bien précise le matin.