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La fois où j’ai tout quitté pour aller vivre à Cabarete. Partie 3

18 août 2017
la fois oùj'ai tout quitté pour aller vivre à Cabarete

Voici la troisième partie de la série d’article: La fois où j’ai tout quitté pour aller vivre à Cabarete. Dans le dernier article, je racontais l’épisode où j’ai eu un accident en scooter. Voici donc ce qui s’est produit ensuite…

Si vous ne les avez pas encore lu, les voici: partie 1 et partie 2

Aout 2006

C’était le mois d’aout à Cabarete. Il faisait chaud, très chaud. J’étais devenue la « French Canadian » qui s’est cassée la gueule en scooter. J’avais deux bâtons de popsicle qui tenaient mes doigts recousus, des ecchymoses partout sur les jambes, une épaule bien écorchée. Difficile de passer inaperçue.

Je ne pouvais officiellement plus travailler à l’hôtel. Techniquement, j’aurais du rester jusqu’en septembre et on y était presque. Ils avaient eu leurs lots de problème avec moi depuis que j’étais arrivée. À deux reprises, je n’étais pas rentrée travailler et une fois, je n’avais pas téléphoné. Ils avaient paniqué en appelant tous les hôpitaux et postes de polices pour essayer de me trouver. J’avoue que c’était tellement stupide de ma part, mais je n’avais même pas un téléphone fonctionnel. Je savais que j’avais perdu leur confiance et qu’ils se maudissaient un peu de m’avoir engagé. J’avais quitté Montréal parce que je ne voulais pas tomber dans les pièges du party, mais j’étais entrain de tomber dans ces pièges ailleurs. L’accident avait juste été la goute qui avait fait déborder le vase. J’avais besoin de me prendre en main.

De la visite

Mais bon, mes amies étaient toujours là. Dès le lendemain la vie avait reprit son cours et on en riait (un peu jaune, mais bon). Je n’avais finalement pas de fracture, seulement la peau bien abimée. Le docteur avait fait une job incroyable. Les cicatrices sont à peine apparentes aujourd’hui. Il y a eu vingts points de suture au total.

Alors on avait quand même réussi à profiter de la semaine. Une des filles avait un ami qui passait l’été à Cabarete. Un soir, il nous avait invité chez lui pour une bouffe avec ses deux colocs. C’était tous des français. Ils louaient une magnifique maison dans un quartier résidentiel très populaire auprès des locaux. Ça s’appelait Procab. Le quartier avait même un employé à l’entrée qui ouvrait la barrière seulement aux résidents ou taxi possédant des permis. N’entrait pas qui veut à Procab, c’était très sécurisant. J’aimais bien mon petit appart, mais c’était loin de tout et pour des raisons évidentes, je n’avais pas l’intention de reprendre la moto. De toute façon, la locataire reprendrais bientôt son appart.

Ce soir là, après le souper, on s’est assis dehors. Il y avait 4 maisons autour d’une petite piscine partagée et beaucoup de végétation, c’était vraiment joli. Je rêvais d’habiter dans une de ces maisons. Ça me semblait parfait pour moi, mais il fallait absolument être en colocation. Et bien, il faut croire que les étoiles étaient bien alignées parce que ce soir là, la voisine était assise dehors avec ses colocs qui partaient le lendemain. Elle avait une chambre de disponible.

caraibes, république dominicaine cabarete

Le déménagement

En deux jours, j’avais confirmé que j’emménageais. Mes parents arrivaient à Cabarete sous peu alors ils allaient pouvoir m’aider à déménager. C’était génial parce que depuis l’accident, mon énergie était si basse, je ne pouvais pas me servir de ma main droite, j’étais plutôt limitée et un déménagement n’était pas tout à fait le genre de chose que je pouvais gérer en ce moment. Mon père avait emprunté une voiture et on avait tout apporté à la maison.

Après le départ de mes parents, un des restos sur la plage avait bien voulu m’engager comme barmaid, mais il n’y avait personne en ville et après quelques jours, je m’étais rendue à l’évidence que j’étais beaucoup trop fatiguée pour faire quoi que ce soit. Certains commerces fermaient quelques semaines. Il pleuvait presque chaque jour. La basse saison, quoi. J’étais bien installée dans la chambre, c’était confortable. J’aimais beaucoup le fait que ce soit près de tout. Après l’accident, je m’étais acheté un téléphone fonctionnel. J’apprenais sur le tas comme on dit.

Le voisinage

Le premier soir ou j’avais emménagé, mes parents étaient toujours là alors, je dormais au condo avec eux. Ma nouvelle coloc avait invité des amis à boire un verre après le travail. Elle leur avait annoncé qu’elle venait de louer la chambre à un canadienne française du nom de Kate. Parmi ses invités, il y avait mon ami du bar, mon sauveur de l’accident, mon amour du moment… Le lendemain matin quand je suis arrivée à la maison, j’avais un message écrit sur mon miroir de salle de bain avec mon rouge à lèvres.

Il était non seulement l’ami de ma nouvelle coloc, mais il habitait à 1 minutes à pied de la maison. On a donc commencé à se voir très régulièrement. On était devenu pas mal plus que de simple amis, mais je n’arrivais pas à lui faire part de mes sentiments. J’étais souvent déçue parce qu’il ne répondait pas toujours à mes messages. On avait prit cette habitude de s’envoyer 25 textos la nuit en sortant d’un party pour voir si l’autre dormait. J’avais même commencer à fermer ma sonnerie avant de me coucher. Une fois, alors que j’étais parti rejoindre une amie dans un condo à Cabrera, il s’était pointé chez moi à 4h du matin en voyant que je n’avais pas répondu à ses 40 messages et appels, ma coloc ne l’avait pas trouvé drôle.

 

Ma routine durant la « Low season » de Cabarete

cabarete voyvoyJe ne travaillais donc plus, je n’allais plus aux cours d’espagnol. J’étais fatiguée, tout le temps. Je me trainais les pieds pour marcher jusqu’au Supermercado m’acheter une soupe ramen, un litre de coca cola, du jus d’orange, un paquet de Marlboro, un croissant, une banane et un redbull. C’était mon menu de la journée. Dieu merci il y avait une banane. Le soir, j’allais manger en ville un vrai repas et plusieurs rhum and coke. Je perdais du poids à vu d’oeil.

À l’automne, les touristes ne venaient plus, pas de vent, pas de soleil et au moins une menace d’ouragan chaque deux semaines. Ce qui fait que je passais la grande majorité de mon temps à la maison durant la journée et le soir, je sortais. Il y avait des fêtes un peu partout dans le village, les gens étaient plus en mode party parce qu’il n’y avait rien a faire durant le jour. J’étais une des seules Canadienne française à être encore là, j’étais constamment avec des allemands, des serbes et rarement avec des Français. Je parlais en anglais à 90% du temps.

Les locaux avaient l’habitude de sortir dans un des bars de la plage qui n’était pas autant fréquenté des touristes. C’était la place à aller pour prendre un verre le soir. La musique était bonne, l’ambiance était cool et le gérant était Québécois. J’y allais tout le temps avec ma coloc et on croisait plein d’autres gens de Cabarete. C’était bien de changer des gros bars vides de la plage.

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La maison de Procab

Ma coloc avait le câble en plus d’avoir des tonnes de films, des jeux vidéos, des livres… J’avais de quoi m’occuper les jours de pluie. Elle travaillait alors je passais la journée seule. Il m’arrivait de me baigner dans notre piscine trop chaude, mais avec la pluie, elle était parfois d’une couleur douteuse. Procab avait des routes en très mauvais état et ce n’était pas exactement conçu pour faire évacuer l’eau de pluie. Ça s’accumulait et avec le soleil qui plombait, la vie se formait dans l’eau stagnante, il n’était pas rare qu’un bébé grenouille nous glisse entre les orteils en marchant dans cette eau en sandale.

Et un jour où je me suis levée en après midi comme d’habitude, je me suis installée dans le salon avec mon grand verre de coke et j’ai ouvert la télé. Je changeais les chaines jusqu’à ce que je vois des images très familières dans l’écran. Il s’agissait de la rue St-Catherine à Montréal, où j’avais travaillé comme barmaid. Nous n’avions pas de canaux Canadiens alors c’était assez étrange de voir ces images… J’ai remarqué que c’était CNN et en gros titre, on parlait de la fusillade du collège Dawson. J’étais hypnotisée par ces images, je me sentais si loin. Ma famille me manquait, Montréal me manquait.

J’ai continué à regarder ces images troublantes et à un moment, j’ai éternué vraiment fort. Et comme si on m’avait frappé très fort dans le bas du dos du coté gauche, j’ai ressenti une douleur vraiment étrange. La douleur à diminué, mais elle est restée présente. Ça n’avait rien d’une douleur musculaire. C’était assez pour me convaincre de chercher un billet d’avion.

Acheter ce billet d’avion m’a probablement sauvé la vie puisque 24 heures après avoir atterri à Montréal, j’étais sur une civière à l’hôpital et j’allais y passer près de deux mois… C’était le début de mon combat.

À suivre…

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Partie 4 disponible ici

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