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Cernes, teint pâle, traits tirés… Ce sont quelques signes qui sont bien présents pendant la maladie.
Ce n’est pas tout les jours que vous aimerez ce que le miroir vous renvoi comme image. En fait, bien souvent vous vous en contenterez, sans plus. Les cicatrices, les effets de la chimiothérapie, la prise de certains médicaments; ça se verra et on aura beau se dire que c’est temporaire et que les cicatrices s’estompent, les cheveux repoussent et le poids se stabilise… Rien n’y fait, on a perdu une partie de notre identité. On ne reconnais plus la personne dans le miroir.
Le deuil des cheveux
Après quelques jours seulement passé à l’hôpital, j’évitais déjà de me regarder dans le miroir. J’avais pris 7 livres en quelques jours à cause de tout le liquide qui passait par mes veines, j’étais gonflée et tellement inconfortable avec ce cathéter permanent fraîchement installé sur ma poitrine.
Et puis un jour, mon oreiller était couvert de cheveux tombés. Je devais les raser. Ni moi, ni ma sœur n’avions jamais utilisé un clipper. Les préposés de l’hôpital m’avaient offert de l’aide, mais je souhaitais vivre ce moment avec ma petite sœur. Elle n’était pas du genre à tourner ça en scène super dramatique et c’était parfait. On a donc regardé l’objet un moment pour comprendre le mode d’emploi et finalement, j’aurais jamais pensé être capable, mais je l’ai fais moi même dans ma minuscule salle de bain devant mon minuscule miroir. En regardant chacune des mèches brunes tomber sur le sol. C’était fait! Moi qui portait les cheveux longs depuis toujours, moi qui me faisait toujours complimenter sur mes cheveux. Moi qui pensais que sans ces cheveux là, je ne serais jamais belle.
J’avais tout de même suivi les conseils de femmes qui étaient passées par là, elles m’avaient dit: Coupe les avant! Coupe les court, comme ça tu sauras si ça te va bien… J’avais coupé en deux étapes; épaule et oreille. Mais dans la vie, soit tu as des cheveux, peu importe qu’ils soient courts, longs… soit tu n’en a pas et pour une femme, ne pas en avoir, c’est perdre un peu de sa féminité.
Les prothèses
Il y a les prothèses capillaires que je refuse d’appeler des perruques parce que ça sonne trop comme un déguisement… C’est vraiment pratique d’en avoir une, mais pour avoir un look naturel, il faut sortir le porte feuille. J’ai pas vraiment magasiné, j’avoue. J’avais pas vraiment d’argent, mais j’en ai essayé trois après avoir conclu avec la vendeuse que mon budget ne me permettait pas d’en acheter une de cheveux naturels. À la troisième prothèse, mon amie m’a dit: « on dirait tes cheveux ». On est passé à la caisse. Je ne voulais plus y penser, je voulais juste la ranger et passer à autre chose.
J’ai porté ma prothèse quelques fois seulement, mais ça me rassurait de l’avoir. Elle était trop grande alors, elle ne tenait pas bien. Après une heure seulement, c’est presque certain que j’avais mal à la tête, que j’avais un poil dans l’œil et que ma frange n’était plus du bon coté. Une fois, je l’ai enlever pendant que j’étais à bord d’un taxi, je ne voulais même pas attendre d’arriver chez moi. Personnellement, j’ai porté plus souvent des casquettes parce que je trouvais que ça m’allais bien. Aujourd’hui, si j’avais à conseiller quelqu’un, je lui dirais surement la même chose qu’on m’a dit sauf que je lui proposerais surement de se tourner vers une fondation comme Belle et Bien dans sa peau. La fondation offre un service de location de prothèses et des ateliers de groupe.
Du linge mou
Je suis sortie de l’hôpital en plein milieu du mois d’août après 50 jours d’hospitalisation. Les trois premières semaines, je ne mangeais presque pas. J’ai perdu 20 livres incluant le poids perdu à l’hôpital. Alors en plus de ne pas avoir de cheveux, je pesais 95 livres. Tout mes vêtements étaient trop grand. Moi qui avait tellement hâte de porter autre chose que les pyjamas d’hôpital. Je ne pouvais pas sortir en public alors je me suis tournée vers le magasinage en ligne et pour être capable de me payer de nouveaux vêtements, j’ai vendu les miens qui étaient trop grand dans des groupes Facebook de vêtements usagés. Je vous dit ça parce que ça m’a fait vraiment du bien de me débarrasser de mes tenues de bureau ou autres vêtements qui allaient dormir dans mon garde robe pendant encore un an et qui ne serait même plus à la mode. J’ai pu m’acheter du beau linge mou 🙂 qui ne me rappelait pas cette époque ou j’avais des cheveux.
La peau
Quelques semaines seulement après avoir eu mes traitements de chimio, ma peau a commencé à devenir hyper sèche. Ce que je ne savais pas encore, c’est que ma peau allait se renouveler au complet. J’allais faire peau neuve ;). Mes tiroirs de salles de bain débordaient de pots de crème de toute sorte, mais aucune n’était conçu pour ce qui était entrain de se passer. De toute façon, les médecins ne recommandent qu’une seule crème; celle qui sent l’hôpital et qui ne gagne vraiment pas le premier prix de packaging. Une fois, j’ai demandé si je pouvais utiliser de l’huile de coco sur ma peau et j’ai eu le même regard désapprobateur que si j’avais demandé si c’était correct de fumer un paquet de cigarette par jour. De toute façon, j’ai compris que si la peau doit tomber, elle tombera peu importe si vous mettez de la crème 14 fois par jour.
Le Maquillage
J’ai tout racheté après ma greffe: Mascara, crayons, fond de teint. Ces produits ont une durée de vie de trois mois. J’ai travaillé longtemps comme cosméticienne et je peux vous dire que les pharmacies vendent parfois des articles périmés, ce n’est pas nécessairement par exprès, mais certains produits ont un moins bon roulement. Il faut bien vérifier que le produit est encore bon. C’est surement un peu superficiel de parler de maquillage quand on est même pas capable de sortir de la maison, mais ça fait parti des petites choses qui nous réconcilie avec notre miroir et qui nous redonne un peu de confiance. C’est d’ailleurs ce qu’on enseigne dans les ateliers de la fondation Belle et Bien dans sa peau. Après la maladie, il faut repenser sa façon de se maquiller en utilisant des techniques qui vont éviter la contamination de bactéries. En post-greffe, on est encore plus vulnérable aux infections alors c’est vraiment important de faire attention.
Les petites Victoires
Je vous promet qu’au bout d’un moment, vous ne verrez plus la maladie en vous regardant dans le miroir; vous verrez la guérison. Ce n’est que lorsque j’ai commencé à me sentir comme une survivante que j’ai finalement apprivoiser ces petites marques qui laissaient voir que je m’étais battue et que j’avais gagné. Il n’y a que le temps qui effacera les cicatrices. L’important, c’est de ne pas s’abandonner. Reprendre le contrôle de soi même fait parti du cheminement vers la guérison. Il ne faut jamais croire que la maladie nous a détruite. Cette épreuve de notre vie nous fait réaliser à quel point nous sommes fragiles, mais elle nous rends plus fortes et nous rapproche de la personne que nous avons toujours voulu être.
Catherine
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