Lire la partie 1: Le dépaysement
Lire la partie 2: L’appartement
Je me foutais que l’administration de l’hôtel soit mécontent de mon départ précipité. Je n’avais qu’un seul souhait; sortir de là au plus vite. Des amis à moi avaient un petit appartement disponible dans la même petite rue où je me trouvais déjà. Ils étaient disposés à me faire un très bon prix pour que j’y emménage jusqu’à ce que je trouve autre chose.
La jolie rue
J’adorais cette petite rue. Du plus loin que je me rappelle, je l’avais traversé. Dabord durant mon enfance avec mes parents, ensuite à l’adolescence lorsque nous venions en vacance et durant les années où j’avais habité à Cabarete durant ma vingtaine.
J’ai des photos de moi à 15 ans avec un style de coiffure douteux me tenant dans cette rue avec ma meilleure amie et ma valise. J’ai marché cette rue chaque matin du printemps 2006 lorsque je me rendais travailler à l’hôtel. C’est d’ailleurs à cet endroit où j’avais garé ma moto la fameuse soirée de l’accident. (Partie 2 – La fois où j’ai tout quitté pour aller vivre à Cabarete)
Durant la dernière année, je suis venue ici à 4 reprises et cette rue est devenue l’endroit où je me rendais faire du yoga 4 fois par semaine. Avant chaque cour, on discute tous sur le bord de la rue avant l’ouverture des portes vers la terrasse d’où le cour a lieu.
Vous comprendrez donc que j’avais un attachement particulier envers cette rue. Elle me donnait un sentiment de familiarité qui était le bienvenu à ce moment bien précis de mon voyage.
Ce que je trouvais fascinant, c’est que cette rue donnait l’impression d’être un cul de sac alors qu’en réalité tout au bout, il y avait un petit tunnel de pierre qui menait tout droit vers l’océan. Mais cette plage n’était pas très populaire des baigneurs en raison de son fort courant, il était donc très facile de s’y sentir comme sur une île déserte puisqu’il n’y avait généralement personne sauf à part quelques pêcheurs matinaux.
Chaque fois que j’arrivais au bout du tunnel, j’étais prise d’un vertige de gratitude. Je me sentais privilégiée et la réalité me frappait; j’étais là, en vie et guérie.
Le virus
Mais le fait que je n’étais pas bien dans l’hôtel du gros rat m’empêchait d’apprécier ce qui se trouvait devant moi. Je sentais le stress monter et ce stress fini par me rendre malade. La veille de mon déménagement, mon père était reparti à Montréal. Je n’avais donc personne pour m’aider à déménager. Ou plutôt, je n’osais déranger personne un dimanche matin pluvieux.
Ce matin là, j’avais de la fièvre, des nausées et des frissons.
J’habitais au deuxième étage de l’hôtel. L’escalier était étroit et je savais que j’aurais plusieurs voyages à faire avec tous mes bagages.
Après 1 heure et demi et une bonne dizaine de voyages, j’avais enfin quitté ce maudit hôtel. Je refusais de croire que l’administration allait garder le montant d’un mois de loyer alors que j’y étais restée seulement 5 jours.
En déposant ma dernière valise dans le petit appartement, je me suis effondrée sur le divan en larme. Je voulais me téléporter dans mon 4 ½ du plateau Mont-Royal, à manger de la soupe et regarder des films. Je me sentais vraiment malade.
Ce n’est que plus tard dans la soirée que j’ai finalement vomi. Je me suis fait un sachet de soupe et je me suis endormie à 19h30.
Donc, à ce moment là, je ne savais trop que penser de cet appartement. J’y étais mieux qu’à l’hôtel, mais à cet instant précis, je n’étais sure de rien. Je doutais de la pertinence de ma présence ici.
Le lendemain matin, à mon réveil il était 8h. J’avais dormi près de 13h. J’avais une tonne de boulot. La vie a donc reprit son cour normal.
Après une grosse journée de travail, je suis revenue à la maison et j’ai enfn fait connaissance avec les lieux.
L’appartement no. 3
L’appartement était de type grand loft. Tout peint en blanc avec quelques petites fenêtres. Il n’y avait pas vraiment de décoration, ni rangement. C’était très simple et minimaliste. Lègèrement sombre, mais avec une ambiance douce.
Mais c’était propre! J’aurais pu y manger par terre. Il y avait un petit futon divan et une table à café. Une petite table à manger, un grand lit et une cuisine d’une taille à peu près normale. J’étais confortable et je m’y sentais en sécurité.
Les seuls petits inconvénients étaient le fait que je me trouvais à côté du stationnement et que j’avais environ 6 minutes d’eau chaude.
Je n’allais pas me plaindre puisque j’avais eu un excellent prix. De toute façon, ça n’allait être que pour quelques jours. Un ami m’avait proposé une chambre dans son appartement luxueux. Ce serait gratuit, mais ça ne serait que pour une semaine. Je devrais re-déménager par la suite.
Non remboursable
J’écrivais des courriels sans arrêt au propriétaire de l’hôtel du gros rat. On me disait des choses différentes à chaque fois: on doit aller à la banque, on doit en parler, on doit trouver des clients, blablablabla…
Je voyais bien qu’il voulait qu’il voulait que je m’épuise. Et c’est ce qui s’est passé. J’étais tellement fatiguée, je trouvais ça injuste et j’étais outrée que des gens puissent me voler de cette façon sans que je ne puisse rien faire.
Ça grugeait mon énergie alors j’ai décidé de leur écrire un dernier courriel, mais la réponse que je reçu insinuait que j’étais une menteuse et une capricieuse. Je décida donc de laisser tomber l’affaire, mais d’aller mettre des commentaires négatifs partout sur internet.
Ça metta un petit baume sur mon coeur, mais pas sur mon compte en banque.
Mais comme la vie fait parfois bien les choses, au bout de quelques jours, j’étais si bien dans le petit appartement tout blanc que je décida d’y rester encore une autre semaine et une autre.
Le mois complet dans les deux appartements totalisaient donc le montant d’un très bel appartement luxueux en bord de mer… Mais je préférais ne pas y penser.
Installée
Mis à part le bruit et l’eau chaude pas chaude, cet endroit était parfait pour moi. J’ai fini par bien m’installer. Je trouvais génial de pouvoir ouvrir la porte à Yena pour qu’elle puisse faire pipi dans le jardin. J’avais accès à la piscine de l’hôtel, j’étais même capable de travailler de la maison puisque l’internet fonctionnait super bien.
Le mois passé dans cet appartement s’est très bien déroulé. J’étais très assidue à mes cours de yoga. J’ai recommencé à cuisiner et j’ai eu un nouveau contrat en création de contenu pour un petit restaurant de déjeuner. Ma cliente qui était aussi mon amie me payait en nourriture alors je passais beaucoup de temps là-bas. Je me suis aussi fait des amis.
J’avais l’impression d’avoir une routine saine et de prendre soin de moi. Je ne buvais pas vraiment d’alcool. Je mangeais bien, je faisais du yoga et je marchais beaucoup. J’étais couché à 22h chaque soir et je me réveillais sans le cadran vers 7h.
Durant ce mois, ma mère nous a fait une petite visite surprise de 24h durant laquelle j’ai eu une extinction de voix. Je suis allée passer une nuit chez ma soeur au ranch à jouer avec les animaux et ma soeur est partie à Montréal pendant dix jours.
Le boulot
J’avais l’impression qu’enfin je pouvais profiter pleinement du fait que j’étais ici. J’avais une nouvelle carrière et l’adaptation se passait beaucoup mieux dans un contexte de stabilité. J’avais besoin d’avoir toute ma tête pour réfléchir et être disponible pour mes nouveaux clients.
Un peu avant mon arrivée ici, j’avais été contacté par un hôtel de Cabarete qui avait beaucoup aimé le travail que j’avais fait avec Brave Soles. On m’avait alors offert un poste de manager des médias sociaux. J’avais passé les semaines précédentes mon départ à préparer des propositions de stratégies à partir de tutoriel sur You tube.
Ce voyage n’était pas seulement destiné à me sauver de l’hiver, c’était aussi un voyage professionnel. J’avais obtenu un poste important dans un hôtel luxueux dans lequel je n’avais jamais mis les pieds… Je n’avais aucune idée de ce qui m’attendais…
À suivre.
Catherine