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Journal de voyage – Le choc du retour

20 mai 2019
Cabarete voyage retour

Je me rappelle avoir lu un article un jour dont le titre était « Les voyages ont gachés ma vie » ou quelque chose du genre. En gros, cette fille disait que c’était si difficile pour elle de reprendre le cour de sa vie à son retour de voyage, qu’elle réalisait à quel point sa vie était vide de sens.

J’avais trouvé ça tellement absurde. Je me disais que cette femme n’avait clairement rien compris à la vie. Qu’elle était complètement folle. 

Mais malgré tout, je croyais saisir une partie de ses propos. Combien de fois le fait d’être de retour à ma routine m’avait complètement déstabilisé en revenant de voyage. 

La preuve, c’est que j’ai pris beaucoup de décision en revenant de certains de mes voyages. Je pense à cette fois où j’ai carrément décidé de déménager dans les Caraîbes, mais il y a aussi eu cette fois où j’ai démissionné de manière complètement impulsive en revenant de voyage un lundi matin et une autre fois, j’ai même mis fin à une relation aussitôt atteri à Montréal.

Donc, sans dire que les voyages avaient gaché ma vie, il m’avait certainement poussé à poser des gestes pour lesquels il y a eu pas mal de conséquences sur la suite.

L’agenda d’une greffée

Les grande majorité des responsabilités que j’ai eu dans ma vie ont été en lien avec mes problèmes de santé. Certes, j’ai eu plusieurs emplois comme gestionnaire, mais rien en comparaison avec l’organisation que pouvait exiger mes nombreuses visites à l’hôpital.

Ce qui fait que j’ai pu me permettre de vivre de manière plus spontanée que la plupart des gens puisque je n’avais pas d’engagements familiaux ou professionnels, pas d’hypothèque ou de paiement exorbitant sur une voiture.

Naturellement, j’ai choisi de voyager parce que c’était une des façons de me donner un sentiment d’appartenance et de liberté.

Mais évidemment, la liberté que je ressentais durant mes voyages n’était que temporaire puisque dès mon retour, je serais de retour de ce bon vieil hopital. Cela dit, c’était un excellent moyen de décrocher.

Lorsqu’on m’a enlevé ce privilège, j’en ai beaucoup souffert.

Mais je ne me suis jamais dit que ça aurait été plus facile si je n’avais jamais connu les voyages. Au contraire, je me disais que si ça devait se terminer maintenant, j’étais plutot satisfaite d’avoir eu l’occasion de me promener sur cette planète. 

Sortir du moule

Voilà  donc pourquoi j’étais légèrement mal à l’aise de lire qu’une personne regrettait d’avoir commencé à voyager parce que sans ça, sa vie serait plus simple. C’était encore une fois un bel exemple de situation où on ne veut pas à envisager que la vie n’est pas obligatoirement un horaire de 9 à 5 et des vacances 1 fois par année.

Il est dommage de penser que de sortir du moule peut parfois donner un sentiment d’échec. En ayant de tel propos, je présume que cette personne se sentait prisonnière de sa propre vie. En d’autre mot, si tu aimes voyager, fais le plus souvent, plus longtemps où encore consacres-y ta vie.

J’ai beaucoup de difficulté avec cette notion de je n’ai pas le choix. Parce que nous vivons dans une société relativement libre et que c’est bien souvent la peur du changement qui nous effraie. Je suis très mal à l’aise quand j’entends une personne dire qu’elle n’a pas le temps. À l’aire des médias sociaux où l’on peut voir tout ce que les gens font de leur temps, il peut-être dangeureux d’utiliser le manque de temps comme une excuse à mon avis. 

Mon expérience

Mais pour être honnête, moi aussi, j’en suis venue à me demander si le fait d’être aller passer tout l’hiver dans les Caraibes n’avait pas été une façon de me torturer. Parce que j’étais consciente qu’il y aurait un après et qu’il serait probablement difficile. Il y avait le choc de température et l’absence de paysages colorés, mais le véritable choc serait le retour à l’hôpital. 

J’avais passé plus de 10 ans à y aller chaque 2 semaines et je venais de passer 3 mois sans y aller. Y retourner me donnait donc le sentiment de retourner en arrière. C’était comme si la réalité me rattrapait à grand coup d’aiguille dans mes pauvres bras.

Mais, j’ai vite compris que c’était plus que ça. Que l’hôpital n’était pas la seule responsable de ce choc du retour. J’associais beaucoup ma vie du Québec avec la maladie. Je m’y sentais un peu en prison, j’avais tendance à m’isoler. Comme lorsque j’étais malade.

J’étais pleine de bonnes intentions lorsque j’ai remis les pieds ici. J’avais changé, j’avais grandi et j’étais remplie de gratitude. Mais plus les semaines passaients et plus je me battais contre moi même. J’ai eu l’impression de me laisser tomber, d’être entrain de tout déconstruire ce que j’avais bati au cours des derniers mois.

J’ai été trop exigeante envers moi même. Je n’avais pas encore fini de guérir certaines blessures et j’ai pris pour acquis que j’étais plus forte que jamais.

À refaire?

Mais si c’était à refaire, je ne changerais rien. En fait, j’aurai l’occasion de le refaire puisque j’ai déjà mon billet pour mon prochain voyage dans 5 semaines. Mais je n’ai certaimenent pas choisi ce mode de vie pour passer 6 mois de ma vie à me sentir libre et les autres 6 mois à me sentir misérable. Il faut que je trouve un moyen de faire cohabiter ces deux réalités.

Une chose est certaine, c’est que l’hôpital est officiellement chose du passé. Les traitements que je devais faire chaque 14 jours on été cessés jusqu’à nouvel ordre. Et même si cette nouvelle, je l’ai rêvé si fort, au moment où j’écris ces lignes, je ne le réalise pas. Ça me semble trop beau pour être vrai.

Mais ça viendra, un jour je ferai un cheers à ma santé les fesses dans le sable en regardant l’horizon et ce jour viendra peut-être très vite. 😉

Bizou xxx

Catherine

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