Ça y est, je me trouve exactement la où je voulais être il y a deux ans durant la maladie. Enfin, le salaire qui rentre, les cheveux qui poussent, l’énergie stable et la liberté de pouvoir aller où je veux.
Et encore une fois, la réalité me frappe… Je comprends que personne, ni même moi n’est à l’abri de ce profond sentiment de toujours vouloir être ailleurs, meilleur, posséder plus…
J’ai des petits moment de pleine conscience où j’arrive à voir la lumière comme je la voyais il y a de ça quelques mois lorsque je me battais pour ma vie. Mais le reste du temps, je me laisse prendre au piège de cette insatisfaction du moment présent.
Je croyais…
…que la maladie m’avait donné la leçon de vie qui allait me permettre de vivre dans la gratitude pour toujours. J’ai cru à un moment qu’elle avait fait de moi quelqu’un de différent. À ce moment, j’ai même trouvé un sens à tout ça et j’en ai presque remercié la vie de m’avoir imposé ce douloureux parcours.
J’ai eu peur de suivre le troupeau et de ne plus me souvenir ce qui m’était arrivé. Je voulais garder à jamais le souvenir de la souffrance pour pouvoir me tenir debout et savoir au plus profond de moi que seul ma force et mon courage m’avait amené là ou je suis. Je ne voulais pas évoquer le mot chance, sachant que cette soi disant chance peut toujours tourner. Je préférais me dire que j’avais découvert cette force en moi et qu’elle m’accompagnerait dans toutes les épreuves qui seraient sur ma route.
Après le combat de la maladie…
…j’ai du affronter un nouveau combat; celui d’apprendre à me connaitre. Moi la fille génétiquement modifié… Avec le sang d’un autre être qui coule dans mes veines. Avec le sang d’une personne envers qui je ne serai jamais capable de verbaliser à quel point je suis redevable.
Les souvenirs de mon passé refont pourtant surface. Des regrets, des secrets, des moments que j’ai vécu où je ne me reconnais tout simplement pas. Je possède les secrets d’une autre. Je les vois défiler comme des films en étant incapable de me rappeler l’odeur, l’émotion, le temps. Je crains cette fille que j’ai probablement déjà été. Elle sommeille en moi et nous essayons de nous comprendre.
Chaque fois que je suis mal…
… ou que je suis triste… Je met la faute sur elle. Parce que la nouvelle moi n’a pas le droit de se plaindre, de chialer ou de se mettre en colère. Elle doit se rappeler ce qu’elle a vécu et ne jamais s’affaiblir.
Mais le retour à la vie normale amène son lot de petits désagréments et je vis chacun des ces moments comme n’importe qui d’autre; en comprenant que je ne dois pas m’acharner sur ce que je ne peux contrôler, en comprenant que j’ai l’obligation de faire des choses qui parfois ne me disent rien.
Durant trop d’années…
…j’ai été malade et j’y étais tellement habituée que j’y ai même trouvé un peu de réconfort. Ça me permettais de me désister à la dernière minute en prétextant la fatigue. Je pouvais toujours mettre la faute sur la maladie pour justifier mes comportements. Ça m’a parfois servi à ne pas faire face à certaines responsabilités. Il en a été de même pour l’après greffe, qui m’a imposé tellement de restrictions que les autres ont du tout faire pour moi, durant des mois.
Il est possible que je me sois habituée à ce qu’on fasse un peu plus attention à moi. Me retrouver au milieu de gens qui ne me voit pas et ne reconnaissent pas mon bagage de vie me fait terriblement peur. J’ai peur d’être blessée, ignorée, intimidée… Je suis peut-être égoïste au point où je ne veux pas être perçu comme le commun des mortels. J’aimerais pouvoir crier que j’ai remporté un combat, qu’il y a 17 mois, je n’avais pas un seul cheveux sur ma tête. Qu’il y a 17 mois, j’ai du apprivoiser la possibilité d’une mort trop jeune.
Mon mandat…
… est peut-être de faire savoir aux autres qu’ils ont en eux une force insoupçonnée et qu’au moment où ils n’auront pas le choix, elle se manifestera. Ils n’ont pas à avoir peur des épreuves et de la souffrance. Ils seront prêts à se battre et l’idée d’abandonner ne va même pas leur effleurer l’esprit. Parce que l’humain est comme ça. Il n’est jamais content! Ils n’apprécie pas le moment présent, mais quand il est question de mourir où de survivre, il devient prêt à tout pour s’accrocher. Ça se fait naturellement. Les gens courageux n’ont pas de mérite… Ils ont seulement décidé de continuer à vivre..
Voilà mon message. Voilà ce pourquoi je suis encore là.
Catherine, la messagère.
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