blogue | Convalescence

La vérité sur la guérison

27 mars 2018
La vérité sur la guérison

Il y a quelques temps, une personne m’a dit ceci: « ce serait intéressant de lire ce que la guérison représente pour toi »J’ai pas trop fait attention à la question. Je me suis dit que c’était assez vague comme sujet et que la guérison, ça voulait dire ce que ça voulait dire.

En fait, la guérison n’avait jamais fait partie de mes plans. C’est quelque chose que j’avais rêvé secrètement, que j’avais espéré et que tellement souhaité. Il n’y avait rien que je pouvais faire pour guérir à part mettre ma vie entre les mains de chercheurs et m’accrocher à l’espoir d’une vie meilleure.

Quand on est malade et qu’on essaie de se projeter dans l’avenir, on s’imagine guéri, profitant de la vie, rempli de gratitude et tellement heureux d’être encore là. On se dit sans arrêt qu’on va faire ceci et cela, qu’on ne va pas se plaindre, qu’on va s’écouter.

Durant la maladie; les jours où on a tellement souffert , on s’est accroché à ça. On s’est dit que ce n’était pas en train de se passer pour rien, qu’au bout il y avait de la lumière. Que la vie nous réserve peut-être même de belles surprise en récompense de ce qu’on a enduré.

Mais en même temps, on y croit plus ou moins parce que la médecine nous a enseigné à ne pas évoquer le mot « guérison »  en utilisant des termes médicaux comme; rémission, progression, résultats stables… La guérison, c’est quelque chose de tabou et même si on sait que ça existe, on entend plus souvent parler des rechutes, des risques de récidive, de combat perdu.

La vérité sur la guérison

La chance

J’entends parfois des gens me dirent que j’ai eu de la chance de pouvoir être greffée. Et même si je comprends ce qu’ils veulent dire, ça me choque à chaque fois. Parce que l’idée que je me fais de la chance n’inclut pas d’être isolée pendant près de deux années avec tous les effets que cela a eu sur moi physiquement et psychologiquement. Tout comme le mot guérison, le mot chance n’est jamais évoqué en médecine. Parce que ça implique que quelque chose de plus grand décide de notre sort et si c’est le cas, cette chose nous a aussi infliger la plus difficile des vies en nous imposant la maladie.

Les statistiques

La guérison, c’est aussi d’apprendre à vivre avec les maudites statistiques. Soudainement, tu veux être une statistique, tu veux défier la science, tu veux être dans le 2% de ceux là. Elles sont rarement encourageantes ces statistiques, mais en même temps tu le sais que si ces traitements sont approuvés, c’est qu’ils ont déjà guéri des gens.

J’étais loin de me douter que la guérison était accompagné de la peur. La peur d’être malade à nouveau. Et bien que la maladie fait peur à tout le monde, ceux qui l’ont vécu en ont encore plus peur. Chaque fois que j’ai eu mal au point d’en mourir, je me suis accroché en me disant que ça ne durerais que quelques minutes, même si parfois ça durais des heures… Et même si j’étais drogué des plus puissants anti-douleurs, la douleur m’a parfois amené dans un état de conscience d’une intensité que je ressentais chacun des mes organes internes se contractés sous la douleur. On m’a drogué, mais je n’ai pas oublié… Lorsque je me réveille la nuit, j’arrive presque à entendre le son de la ventilation de ma chambre à air stérilisé de l’hôpital où j’ai passé près de deux mois.

La progression

19 mois après la chimiothérapie, c’est le temps que ça m’aura prit avant de recommencer à aimer mon apparence. 19 mois de ma vie à être insatisfaite par mon poids, mes cheveux, mes cicatrices. Chaque jour que je traverse et que je passe ma main dans mes cheveux ou que la brise souffle une mèche dans mon visage, je suis rempli d’anxiété à l’idée de les perdre à nouveau. Je n’arrête pas de penser à ces femmes qui reçoivent un deuxième ou même un troisième diagnostic de cancer et qui doivent repasser par ça.

Pour l’avoir vécu une fois, je sais très bien que l’esprit est bien fait et qu’il accepte l’inimaginable. La résilience fait parti de nous. Mais avoir été malade une fois ne nous met malheureusement pas à l’abri de tomber malade à nouveau. Après s’être accroché aux statistiques sur la guérison, les statistiques sur la maladie reviennent nous hanter comme n’importe qui.

Les dégâts

Ce que j’ai souvent besoin d’expliquer, c’est que bien que la greffe ai été ma meilleure chance de survie. En fait, la greffe me permettait de me débarrasser d’un problème, mais cela venait avec un lot d’autres problèmes; les maudites séquelles. Et disons le, je n’ai pas été épargné. Douleurs osseuses intenses et surtout.. D’importants dégâts dans mon systèmes hormonales, donc des risques de développer d’autres maladies sans compter l’année de traitement à venir et encore de la chirurgie.

La réalité, c’est que bien souvent… Ce n’est jamais vraiment fini et quand on pense que ça l’est; la maladie nous guette et nous rattrape. C’est comme ça qu’on apprend à vivre avec l’obligation d’envisager que des mauvaises nouvelles vont à nouveau nous démolir et nous rappeler que c’est la maladie qui décide. Même si on fait parti de la bonne statistique, on ne se débarrassera jamais vraiment de la peur.

Donc, en réfléchissant à cette question sur ce que la guérison représentait pour moi; la personne ne voulait pas connaitre mon cheminement, mais bien mon avis sur la symbolique. Il n’était pas question de cicatrisation ou de médicament, mais bien de la guérison psychologique. Les symptômes de la maladie peuvent certainement être guéris à l’aide de médicament, mais l’âme, non.

J’ai fini par réaliser que la guérison était un état que j’étais capable de ressentir. Je ne me sens pas guérie comme je me sens vivante. Ce sont deux sentiments distincts. Je me sens guérie lorsque j’arrive à contourner mes peurs.

La guérison, ce n’était pas de commencer une nouvelle vie, mais plutôt d’apprivoiser les souvenirs douloureux et de m’en servir pour construire mon avenir.

C’est ça la vérité sur la guérison..

Catherine

Cet article vous a plu? Épinglez le sur Pinterest

La vérité sur la guérison

 

Laisser un commentaire