J’ai quitté Las Terrenas avec un grand sentiment d’accomplissement. Mais en fait, c’était beaucoup plus que ça. Je ne saurais le décrire, mais ça ressemblait presque à de l’ivresse. Comme si le mélange d’eau salé, de soleil et d’adrénaline m’était monté à la tête. Ça me donnait une sensation d’engourdissement agréable qui m’apportait beaucoup de sérénité. Ma première expérience avec le surf avait été tellement parfaite.
Partie précédente: Des humains et un océan
J’étais certaine d’une chose; ça ne serait sûrement pas ma dernière visite à Las Terrenas et surtout, ça ne serait pas la dernière fois où je me tiendrais debout sur une vague.
Inutile de vous dire à quel point mon corps a souffert le lendemain matin. J’avais sollicité des muscles dont j’ignorais l’existence. C’était une douleur que j’appréciais puisqu’elle me confirmait que je n’avais pas rêvé tout ça.
Cette sensation de légèreté a duré quelques jours et je réfléchissais déjà à comment y retourner dès que possible.
Quelques jours plus tard, je prenais un café avec une amie qui traversait une période difficile. Je lui expliquai que je connaissais un endroit parfait pour lui changer les idées.
Et c’est comme ça que deux jours plus tard, on prenait la route vers Las Terrenas dans le seul et unique but d’aller surfer.
Plus on approchait, plus je me sentais fébrile. J’avais peur que mes attentes soient trop élevées. Je devais prendre en considération plusieurs facteurs sur lesquels je n’avais aucun contrôle et le plus important d’entre eux était bien sûre l’océan.
J’avais prévu prendre ma 2e leçon de surf le lendemain matin. À mon réveil, j’avais les mêmes papillons dans l’estomac que la première fois. J’ai avalé quelques fruits et un café et je suis allée me préparer.
Ma nervosité est tombée dès que je suis entrée dans l’eau. J’ai surfé pendant plus d’une heure. Ce fut tout aussi magique que la première fois. Mon amie, qui avait beaucoup plus d’expérience que moi se trouvait non loin dans l’eau et on se saluait entre les vagues.
En principe, nous devions rester une seule nuit, mais en sortant de l’eau après la première session de surf, nous nous sommes précipitées à la réception de l’hôtel pour les informer que nous allions rester une nuit supplémentaire. Durant le reste du séjour, il y a eu plusieurs autres sessions de surf et quand on ne surfait pas, on discutait devant l’océan, un jus ou une bière à la main.
Un regard différent
Le surf avait complètement changé ma relation avec l’océan. Je pensais à toutes ces occasions où je m’étais retrouvée devant la mer en ne la considérant que comme une simple comodité où aller me rafraîchir où un décor à photographier.
Même quand je n’étais pas entrain de surfer, je la contemplait avec un oeil différent. Je prenais des notes sur les techniques des surfeurs, j’analysais la séquence des vagues, je rêvassais à ma prochaine session.
Malgré ce changement sur ma perception, je n’avais aucun regret de ne pas avoir essayé le surf plus tôt. Au contraire, j’étais fière d’où je venais et où ça m’avait amené.
C’était très valorisant pour moi de me rappeler qu’il y a 4 ans, j’étais clouée à un lit d’hôpital. D’ailleurs, si une personne m’avait dit à ce moment là que d’ici quelques années, j’allais essayé le surf, je pense que je l’aurais jugé..
Durant ces deux jours, j’avais réussi à gagner beaucoup de confiance et plus que jamais, j’étais convaincue que ce sport était pour moi. Malgré la fatigue et les courbatures, j’aurais continué encore et encore.
Mais nous étions le 23 décembre 2019 et demain, ce serait la veille de Noël. Je savais que ce qui m’attendait à Cabarete n’allait pas être de tout repos. C’était le début de la haute saison. Fini les plages désertes et les cafés vides. Maintenant, partout où j’irais, ce serait bondé de touristes.
Haute Saison
Cette année, je ne ressentais pas vraiment d’enthousiasme à l’approche des fêtes. J’étais bien avec ma petite routine et je n’avais pas vraiment envie que ça change.
Mon emploi du temps était très axé sur mon bien-être. Je faisais plusieurs cours de yoga, je faisais de l’équitation, j’allais à la plage avec mes copines, je prenais des cours d’espagnol et depuis tout récemment, je surfais. Je profitais à fond de mon séjour dans les Caraïbes.
Mais éventuellement, je me suis laissée prendre par le tourbillon de la haute saison. Et avec mes habitudes sociales qui avaient beaucoup changés au cours des derniers mois, j’ai suivi le troupeau et j’ai commencé à sortir beaucoup.
Au cours des 4 dernières années, je n’avais, pas une seule fois, mis les pieds dans un bar. Et même si parfois j’avais été nostalgique des années durant lesquelles j’avais été un oiseau de nuit, je croyais que ça faisait parti de mon ancienne vie et je l’acceptais.
Mais la vérité, c’est que ça me faisait un bien fou de sortir danser et de me laisser aller. Même si mon corps me faisait parfois savoir que je n’avais plus 20 ans, je savais que j’avais le droit de m’amuser après toutes les concessions que j’avais du faire dans les dernières années.
Par contre, j’ai réalisé bien assez vite que les nuits de Cabarete n’avait pas tellement changé depuis les dix dernières années et éventuellement, j’avais l’impression d’avoir fait le tour.
Et c’est au bout d’un mois, vers la fin janvier, que j’ai commencé à me demander si j’allais vraiment rester 6 mois à Cabarete. À ce moment là, j’avais un gros mal de gorge qui persistait et une blessure à un genou. Ça affectait mon sommeil, ma productivité et mon humeur. Je me sentais un peu prisonnière de cette île parce que je n’avais aucun autre endroit où aller. Mon appartement de Montréal était loué et de toute façon, il était hors de question de je débarque au Québec en plein mois de janvier.
La réalité, c’est que je n’avais envie que d’une chose; retourner à Las terrenas.
Et mon souhait s’est exaucé lorsque j’ai fait la rencontre d’un couple qui venait passer deux mois en République Dominicaine. Ils avaient exprimés le désir de visiter un peu le pays et à mon grand bonheur, leur premier choix s’était arrêté sur Las Terrenas.
Je faisais cette route pour la 3e fois et je la trouvais toujours aussi belle. On traversait des petits villages, on s’arrêtait parfois dans des petits restaurants en bord de route et le trajet se terminait par une magnifique route dans les montagnes qui longeait l’océan.
Mon amie avait à peu près le même niveau que moi en surf alors nous avons décidé de prendre une leçon privé ensemble. À certain moment, on prenais les vagues en même temps, on s’encourageait, on rigolait de ces moments un peu moins glorieux où on se faisait renverser par les vagues.
Le lendemain, on a établi qu’on se sentait maintenant suffisamment en confiance pour surfer seule sans l’aide d’un professeur.
À compter de maintenant, je devrais continuer mon apprentissage en me fiant uniquement sur mon instinct. Je savais que ça ne serait pas facile, mais je voulais développer mon autonomie.
Tandis que nous passions plusieurs heures par jour dans l’eau, le soir, on restait assis devant l’océan à boire des bières en regardant le soleil se coucher.
J’avais l’impression de vivre les plus beaux jours de ma vie. Je me sentais forte, vivante et sereine. Je me disais que si tout devait s’arrêter demain, je serais comblée.
Mais comme toute bonne chose a une fin, nous devions reprendre la route et quitter cet endroit que je qualifais maintenant de mon « happy place ».
À suivre…