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La gestion du temps et la pression du succès

31 mai 2017
La gestion du temps et la pression du succès

S’il y a une chose sur laquelle nous n’avons aucun contrôle, c’est la vitesse à laquelle le temps passe. Ce sur quoi tu as le contrôle, c’est la façon dont tu diviseras ce temps. Idéalement, il devrait s’y retrouver du temps pour toi.

Ma relation avec le temps a changé du tout a tout avec la maladie.

Dernièrement, je ressens parfois un malaise quand j’entends quelqu’un dire qu’il n’a pas le temps. Surtout lorsqu’il s’agit de choses importantes de l’équilibre de vie. On dirait que le temps est devenu l’excuse première pour justifier le manque de motivation. En fait, bien souvent, c’est une mauvaise gestion des priorités.

Par exemple, j’entends régulièrement des gens me dire que si je mange aussi bien, c’est parce que j’ai le temps. Pour moi, l’alimentation est un choix de vie et non un hobby. Je suis toujours un peu déçu que des gens puissent me dire ça surtout après ce qui m’est arrivée.

Les besoins essentiels de la vie sont de se nourrir, dormir, bouger et être stimuler psychologiquement. Si le choix de vie que tu as fait implique que tu manques de temps pour manger, dormir et bouger.. Tu passes définitivement à coté de quelque chose. Et crois moi, à un moment ou un autre, ton corps te le fera savoir.

L’avenir et ses clichés

On le sais, le temps passe vite. Tu as peut-être réfléchi à où tu te voyais dans 10 ans. Tes objectifs professionnels ou encore une vision assez claire de la famille que tu rêves d’avoir. C’est normal. Dès que la trentaine arrive, on se met en mode réalisation de notre idéal de vie.

les pièges d'une mauvaise gestion du tempsTu as possiblement commencé à réfléchir à tout ça il y a très longtemps. Ou est ce que c’est plutôt la carrière que tu as mis en avant plan. Peu importe, tu as établi quelques objectifs atteignables et tu t’es donné une échéance parce que c’est comme ça que ça fonctionne, non? Le modèle parfait de la fille dans la trentaine qui est entrain de bâtir son futur avec, on va se le dire, un petit esprit de compétition face au reste du monde. Le piège avec ça, c’est que quand ton échéance arrive, tu commences à paniquer et tu fais des choix selon les objectifs que tu t’étais fixés au lieu de les redéfinir avec ta nouvelle réalité.

Je trouve qu’on est tellement dure entre nous et nous avons tous dans notre entourage des gens qui se sont oubliés juste pour correspondre au modèle de succès 2017. Des accros du boulot, des gens endettés par dessus la tête, des parents pas prêts qui doivent parfois faire des choix déchirants.

Devoir se justifier

Moi, le genre de conversation qui me terrorisait durant les dernières années, c’était de parler d’avenir. Parce que chaque fois, j’étais envahie d’angoisse, ne sachant pas trop ce qui allait m’arriver. Et encore aujourd’hui, je me défini par la maladie parce que c’est de ça que je vais devoir parler chaque fois qu’on va me demander pourquoi je n’ai pas d’enfant. Pourquoi il y a un énorme vide sur mon CV entre 2015 et 2017.

Et de mon côté, je le sais que c’est tellement secondaire. Je suis presque guéri et c’est ça qui compte. En fait, moi je n’ai pas l’impression d’avoir raté ma vie parce que j’ai du sacrifier le fait de créer une famille ou parce que je ne rêve plus d’obtenir une promotion. Alors malgré que je me sente parfois obligé de me justifier, je me sens à la fois soulagée de ne plus avoir sur la conscience ce retard sur les objectifs de vie que la société m’a imposés.

Les deuils

Durant les premières années après avoir reçu mon diagnostic, J’avais l’impression de vivre des deuils sans arrêt. Premièrement, accepter que ma vie serait ici au Québec, alors que j’étais partie vivre sur une île des Caraïbes. Ensuite, c’était de devoir occuper un emploi dans un bureau, moi qui avait toujours pensé que ce n’était pas fait pour moi. Et après… la greffe à elle seule a exigé que je renonce à plusieurs projets.

La maladie, elle tue les rêves, elle freine les ambitions, elle t’impose de redéfinir tes objectifs. Mais le pire, c’est qu’elle te prive parfois de te projeter dans l’avenir. Soudain, tu dois faire une croix sur l’idée d’être parent, d’acheter la maison de tes rêves ou de partir visiter le monde.

C’est une longue suite d’acceptation que la maladie m’a fait vivre. Pour la plupart, j’ai vécu ça en silence, mais surtout en me protégeant des gens pour qui c’était tellement important de tout réussir. La première fois que j’ai entendu le ton désolé d’une femme qui venait de comprendre que je ne porterais jamais d’enfant. J’ai su que pour la majorité des gens, c’était une forme d’échec.

La perception

La seule personne qui n’avait pas l’impression d’avoir raté sa vie en n’ayant pas d’enfant, c’était donc moi? C’était lourd! Des gens que je ne connaissais pas vraiment me proposait soudain des alternatives comme l’adoption… Heureusement que j’ai 37 ans et plus de dix années à vivre avec la maladie et à me faire à cette idée. Pour moi, c’était donc réglé. J’ai donc choisi de ne plus aborder ce sujet parce que c’est cette partie que je peux contrôler.

À mon avis, on commence à vivre vraiment lorsqu’on accepte que nous n’avons pas le contrôle sur tout, mais que nous prenons en charge la partie sur laquelle nous avons un peu de jeu. Je ne peux pas changer la vision que les gens ont du succès et de la réussite, mais je peux poser des actions chaque jour qui me procure de la fierté et qui ont un impact sur mon bien-être.

Mettre une pause sur ma vie m’a permis de ne pas prendre un virage irréfléchi pour lequel je n’étais pas prête et qui aurait pu avoir des conséquences sur le reste de ma vie. Ça m’a permis de comprendre ce qui me manquait et ce qui au contraire était un soulagement de voir partir.

J’aurais voulu que ça ne soit pas la maladie qui m’amène à prendre conscience que je n’ai qu’une vie, par contre aujourd’hui, c’est ce parcours qui me permet de livrer un message et d’essayer de sensibiliser les gens à ce qui compte vraiment et de toujours se choisir plutôt que d’agir en fonction de ce que les gens penseront d’eux.

L’authenticité, la clé du succès

les pièges d'une mauvaise gestion du tempsJe n’aurais jamais été capable de créer ce blogue il y a quelques années sachant que je devrais m’ouvrir publiquement et parler des moments difficiles que j’ai vécu. J’étais dans la masse et je voulais être parfaite moi aussi. Mais c’est au moment où je suis devenue moi même en témoignant sur les passages loin d’être parfait de ma vie que j’ai commencé à comprendre que l’authenticité était devenue ma drogue et que je n’échangerais pas mon expérience de vie pour aucun diplôme prestigieux.

 

Catherine

 

 

 

  1. Très inspirant Catherine! Cette lecture me fait du bien ce matin. Savoir lâcher prise et comprendre qu’on ne peut pas tout contrôler, ca demande de la pratique, mais on va y arriver 🙂

  2. Tellement d’authenticité dans ce beau texte!
    Tu as une grande réflexion sur la vie. Cette vie qui nous bouleverse et nous déstabilise mais qui nous apprend à devenir un meilleur être humain.

    Merci de partager avec nous!

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